Le Quotidien du Tourisme

Eric de Bettignies explique dans le Quotidien du Tourisme les business models des parcs d’attractions

By 30 avril 2015 No Comments

Eric de Bettignies explique dans le Quotidien du Tourisme les business models des parcs d’attractions

30 avril 2015 | Le Quotidien du Tourisme

Comme chaque année, l’arrivée des beaux jours voit l’ouverture des parcs d’attractions. L’occasion pour ces structures de loisirs de mettre en avant leurs nouveautés. Une nécessité car les nouvelles offres conditionnent le taux de (re)visite et la durée du séjour indispensables à la survie du site. Destinations touristiques à part entière, agissant comme un remède anti-crise et désormais bien intégrés dans la culture française, les parcs d’attractions semblent avoir trouvé la bonne recette pour réussir.

Pour Eric de Bettignies, fondateur associé d’Advancy, cabinet de conseil en stratégie français présent à l’international, « un parc bien géré, ça gagne de l’argent ».

Ce secteur d’activité, échappant à la crise parce que porté par le développement du tourisme de proximité, continue de battre des records de popularité. En croissance régulière depuis plusieurs années, il revendique plus de 30 millions de visiteurs par an en France.

Un marché qui croit dans un contexte économique toujours aussi tendu avec un pouvoir d’achat qui ne cesse de s’éroder relève de la gageure.« Non, car il suffit de trouver le bon modèle économique », annonce comme une évidence Eric de Bettignies. Il s’explique : « La réussite d’un parc, cest une recette très équilibrée. Il faut pour cela un concept pérenne, suffisamment rassembleur avec une large amplitude des jours d’ouverture. Le tout sur une zone de chalandise bien adaptée. Ce n’est pas pour rien que Disneyland Paris s’est implanté près d’un aéroport et a vu un peu plus tard l’arrivée d’une gare. Disney s’est créé là où il fallait. » Et le consultant de poursuivre : « À l’inverse, si le concept est trop segmentant, cela peut être un échec à l’image de ce parc à Dubaï qui n’avait décidé d’ouvrir que la nuit. »

Nouveautés indispensables

En quête du bon modèle, les parcs d’attractions doivent également tenir compte d’un autre critère : l’effet « waouh ». Autrement dit, la capacité d’étonnement et d’enthousiasme du client vis-à-vis d’un environnement, d’un spectacle, d’une attraction. Face à un comportement d’achat facilement zappeur, le lancement régulier de nouvelles attractions devient absolument vital à la relance de la consommation dans les parcs. Avec « Ratatouille : l’aventure totalement toquée de Rémy » lancée à l’été 2014, Disneyland Paris – première destination touristique privée en Europe – tente de reconquérir les visiteurs perdus ces dernières années. En 2015, le Puy du Fou présente deux nouveautés : « Les Amoureux de Verdun », une plongée émouvante et spectaculaire au cœur de la Grande Guerre et « Les Orgues de Feu » qui se parent de nouveaux effets scéniques époustouflants. Au Futuroscope, ce ne sont pas moins de trois nouvelles attractions qui sont dévoilées cette année : « l’Arena Fun Xperiences », une salle de fitness où les visiteurs de tous âges peuvent s’amuser à tester leurs performances physiques ; « les Mystères du Kube », un spectacle vivant associant la technologie et l’art au service de l’émerveillement et « Futur-l’expo », un parcours participatif qui montre aux visiteurs que l’avenir peut être utile et fun à la fois. Enfin, chez les majors français, le Parc Astérix étoffe son offre à destination des plus jeunes. Après avoir ouvert en 2014 un nouvel espace, « la Forêt d’Idéfix » avec 5 attractions adaptées à ce public, il propose cette année trois nouveaux spectacles : « Magique Panoramix », « Secrets de Druides » et, pour toute la famille, « Gaulois-Romains : le match ! ». « Un parc doit en moyenne dégager chaque année 25% d’Ebitda, de cash net. Il faut en mettre 10% à 12% de côté pour investir, 2% ou 3% pour la maintenance. Il reste environ 10% pour faire quelque chose d’important, par exemple lancer une nouvelle attraction » analyse Eric de Bettignies, qui met en garde toutefois contre les excès. Selon lui. Disney veut tellement bien faire les choses qu’il paye « jusqu’à sept fois le prix de la thématisation d’une attraction alors que le bon ratio est de trois. C’est pour cela qu’il éprouve des difficultés à gagner de l’argent ».

Les parcs doivent en grande partie leur réussite à la dynamique de renouvellement de leurs attractions conduite par une stratégie annuelle d’investissement audacieuse. Le Futuroscope fait savoir qu’il est « capable d’attirer 60% de re-visiteurs en injectant 10% de son chiffre d’affaires dans 20% de nouveautés chaque année ».

Destination touristique

Pour beaucoup de familles, la venue dans un parc est un moment que l’on prévoit, que l’on programme. D’autant plus si l’on y séjourne. En effet, les parcs d’attractions sont devenus des destinations touristiques à part entière. Tous ou presque ont développé une offre d’hébergement. Une nécessité pour augmenter la durée du séjour et créer davantage de packages, gages de recettes supplémentaires. « Dommage, regrette Dominique Hummel, président du Directoire du Futuroscope, que les low cost ne desservent pas les villes moyennes. Nous sommes les sacrifiés des nouveaux modes de transport à bas coût ».

Les parcs d’attractions agissent comme un remède anti-crise. Le rapport entre le dépaysement et le prix demandé reste raisonnable. Avec le développement de packages, on pourrait penser que les agents de voyages puissent trouver matière à rémunération. Pas vraiment ! Le client réserve majoritairement en direct, sur Internet ou sur place ou encore via un comité d’entreprise. « Un parc de loisirs, même moyen, arrive à être connu. Il se commercialise très bien sans devoir verser une commission de 15 % à un agent de voyages », conclut Eric de Bettignies.