Extrait de l’article :
Laurence-Anne Parent, directrice associée d’Advancy, cabinet de conseil en stratégie (150 consultants, cinq bureaux dans le monde), spécialisé dans le luxe et la distribution, discerne elle aussi un tournant majeur dans la politique des groupes. «Nous ne sommes plus du tout dans la tendance des acquisitions des dernières années, où les grands acteurs du luxe comme Hermès ou Chanel, mais aussi dans une moindre mesure Lvmh ou Kering, achetaient un savoir-faire particulier dans le cuir, la dentelle ou la broderie. Leurs prises de position à répétition chez de jeunes créateurs illustrent le tournant : il s’agit maintenant d’acheter des talents en devenir. C’est dû à un contexte nouveau. Il y a sans doute l’effet d’opportunité dans un environnement économique difficile. Mais il y a surtout derrière cela une vraie réflexion stratégique. »
De fait, Laurence-Anne Parent le souligne, «le marché du luxe est aujourd’hui certes toujours en croissance, mais son développement s’est fait plus mesuré.» Du coup, «les groupes ont besoin de prendre du recul et de se constituer des portefeuilles de marques à tous les niveaux d’évolution afin d’anticiper l’avenir. Par ailleurs, le marché et les comportements des consommateurs évoluent eux aussi. On le voit dans les marchés matures, mais de façon plus frappante encore aujourd’hui dans les BRICs et en Chine en particulier. Dans ces pays émergents, on sent depuis peu un vrai virage. Le client du luxe souhaite de plus en plus acheter des produits authentiques, avec une vraie histoire, et non des produits marketés, ornés de logos apparents. Il n’achète plus seulement un sac mais d’abord les valeurs d’une marque. Cette évolution de la demande est plus forte bien sûr chez les jeunes générations, qui veulent se démarquer des précédentes. Les jeunes Chinois sont ainsi en quête de nouvelles marques et de jamais vu, ce qui favorise d’ailleurs aussi l’émergence de marques locales. Il s’agit donc pour les groupes de luxe de prendre en compte l’attente de ces nouvelles générations de consommateurs en leur proposant de l’inédit. Enfin, l’acquisition d’une jeune marque permet aux grands du luxe de communiquer sur des valeurs plus altruistes, en montrant qu’ils aident des jeunes à se développer.»
[…]Laurence-Anne Parent (Advancy) abonde dans le même sens [au sujet de l’engouement de la clientèle pour les accessoires] : «Comme les bijoux, la chaussure fait partie des segments porteurs, davantage même aujourd’hui que le sac. Il s’agit en conséquence pour les groupes de trouver un créateur dans ce domaine avec une vraie patte. Nicholas Kirkwood semble l’avoir, avec son univers faisant la part belle aux perles, au velours et à la dentelle. »